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« Les larmes sont les perles d’un chapelet,

car elles proviennent de sentiments profonds. »



– Edward Hays

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À travers le deuil... la vie !

Mon histoire

Colette est native de la région des Bois-Francs et y passa toute son enfance dans la petite paroisse de Sainte-Séraphine. Elle est la 2e d’une famille de 8 enfants.

 

Voici son histoire :

 

« À 17 ans, j’ai épousé mon voisin d’enfance avec qui je partage ma vie depuis bientôt 48 ans. Ensemble, nous avons eu 3 beaux enfants et nous sommes grands-parents de 6 petits-enfants.

 

Le 16 août 1997, notre vie a basculé à la suite de l’accident qui a causé la mort de notre fils de 10 ans, Jonathan.

 

Comment survivre à une telle perte ? Croyant que le temps passerait et que les choses se tasseraient d’elles-mêmes éventuellement; c’est dans l’alcool que je trouvais mon réconfort, et ce fut le médicament qui me garderait en vie pendant plus de 10 ans. La mort de mon fils a aussi éveillé en moi certaines blessures subies du passé. La peur d’être jugée et d’être vue dans ma vulnérabilité ainsi que le manque de connaissances du deuil m’ont empêchée d’aller au cœur de ma souffrance. Le cumul des années n’ont fait que me renfermer plus profondément dans mon chagrin. J’en suis devenue prisonnière.



​Un jour, dans la paroisse ou j’habitais, on m’a proposé d’offrir des rencontres sous forme de groupes d’accompagnement aux personnes endeuillées. Je me suis donc inscrite à une première formation auprès de la Fondation de l’Éveil au deuil ; ce qui m’a plongée directement au cœur de ma peine. Une nouvelle compréhension du deuil venait m’apporter l’espoir, que je pouvais enfin sortir de ce long tunnel noir dans lequel je m’étais enfermée

Et c’est en octobre 2001...

...que le mouvement « Au centre de La Traversée » a vu le jour où j’ai accompagné mes premiers endeuillés. Cette expérience m’a fait grandir et m’a apporté un outil important : les étapes du deuil. Ces étapes qui servent de repère à la personne endeuillée, un peu comme une carte routière. J’ai pris conscience que le fait de se raconter aidait énormément à la guérison. Au fil des années, beaucoup de gens chagrinés par la perte ont trouvé le réconfort nécessaire auprès de ces groupes de soutien.



Après quelques années dans le don de soi au service de mes « clients », j’ai finalement décidé en octobre 2008 d’entreprendre une thérapie. Lors de ce séjour, j’ai appris à me connaître et j’ai enfin réalisé que l’alcool n’était pas une solution au deuil. À ce moment, j’ai été saisie d’un fort désir d’arrêter de boire et de me prendre en cœur. Ce fut mon premier 24 heures

C’est en janvier 2011...

...après avoir laissé mon emploi des 25 dernières années, que j’ai entrepris ma nouvelle réorientation de carrière. C’est alors que j’ai décidé de remettre sur pied mon projet de cœur auprès des endeuillés, et qui est devenu « Au Centre de La Traversée ». Avec de nouvelles idées, j’aurai l’opportunité d’offrir ce que j’aurais voulu recevoir quand j’ai eu à traverser moi-même le deuil de mon enfant. C’est auprès de la Maison Monbourquette que je me suis tournée pour suivre différentes formations. Évidemment, cette maison porte le nom d’un grand pionnier au service du deuil, Monsieur Jean Monbourquette, spécialiste du deuil mondialement, et reconnu pour son travail et ses ouvrages sur la question.



Après quelques années dans le don de soi au service de mes « clients », j’ai finalement décidé en octobre 2008 d’entreprendre une thérapie. Lors de ce séjour, j’ai appris à me connaître et j’ai enfin réalisé que l’alcool n’était pas une solution au deuil. À ce moment, j’ai été saisie d’un fort désir d’arrêter de boire et de me prendre en cœur. Ce fut mon premier 24 heures.



​En juin 2011, je termine ma formation d’accompagnatrice pour personnes endeuillées, lorsque mon mari subit un AVC très sévère. Cet événement m’a forcée à mettre mes nombreux projets de côté. Nous étions confrontés à vivre un autre deuil, une étape très éprouvante pour notre couple. N’ayant plus de revenus, nous avons dû vendre nos biens matériels et ainsi, laisser aller l’entreprise familiale. Dès lors, nous avons dû apprendre à vivre avec la perte d’autonomie de mon conjoint, et réinventer notre vie autrement, ce qui a été extrêmement déstabilisant. Nous étions confrontés à vivre plusieurs deuils l’un après l’autre, ce qui est venu compliquer le processus.

C’est en juillet 2012...

que nous emménageons à Saint-Jean-sur-Richelieu dans un logement qui nous donne une vue magnifique sur la rivière Richelieu. Nous trouvons ici tous les services adaptés ainsi que l’aide nécessaire pour mon conjoint afin que je puisse avoir un peu de répit.

 

Après un arrêt de quelques années, c’est autour de la table de cuisine que j’offrirai mes premières rencontres et où nous aurons l’occasion de partager nos histoires, nos épreuves et nos peines. Les nombreuses références que j’ai reçues de plusieurs CLSC de la région ainsi que la demande grandissante m’emmèneront un pas plus près de mon désir : je trouve enfin pignon sur rue en 2014.

 

Le besoin est là, je le sais, je le vois et je le sens. Les gens n’ont plus le temps et la société est à entretenir le paraître et la performance. De nos jours, nous croyons que le temps arrangera les choses ! La disparition des rites funéraires empêche les personnes vivant un deuil d’entrer en contact avec leur peine. Ils seront alors tentés de prendre un chemin extérieur à eux-mêmes et ils chercheront sans cesse une recette magique, et de là, le danger de tomber dans le piège des dépendances. La fuite n’est pas une solution, elle ne fait que retarder le processus de guérison.

Bilan

J’ai entendu des centaines d’histoires de pertes et à chacune, j’y ai trouvé quelque chose qui me ressemblait, qui me parlait, bref, qui me guérissait tout autant. Ce sujet me tient particulièrement à cœur puisque je suis sensible à cette souffrance oubliée. Je me considère comme une femme ayant l’écoute bienveillante et empathique. J’ai confiance en l’être humain et je sais qu’il a tout ce qu’il faut à l’intérieur pour s’en sortir. Mon rôle est de l’amener à puiser dans ses propres forces, ses propres ressources et ainsi, lui apporter le soutien nécessaire pour passer à travers sa souffrance. Des réponses viendront, certaines resteront des mystères... C’est aussi ça le deuil !

 

Quand j’en parle, c’est sous toutes ses formes. Nous en vivons plusieurs au cours de notre vie, d’où l’importance de faire une pause. Il y a certainement la mort, mais aussi tous les autres événements (perte d’emploi, séparations, déracinement, la maladie, animal de compagnie, etc.) qui marquent notre histoire et qui deviennent des passages obligés. Un deuil non résolu entraînera éventuellement des vagues à l’âme, un vide existentiel et une perte du sens et des joies de la vie.

 

Aujourd’hui, avec mes propres expériences de deuils, je sais qu’il se vit en passant par le cœur, car vivre son deuil, c’est aussi guérir son cœur ! Suis-je en paix avec la mort de mon fils ? Oui, je le suis totalement. Et chaque jour de vie qui m’est donné, me permet de découvrir le cadeau qui se cachait derrière son départ ».

 

Avec amour et bienveillance,

 

Colette

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